Punir ou prévenir?

Harper ne fait pas de cadeaux aux criminels. Du moins, c’est le message que le gouvernement veut lancer.  Avant la prorogation, plus de 17 projets de loi anti-criminalité ont été déposés aux Communes.  Du nombre,  trois ont reçu la sanction royale.

Ces mesures touchent le crime organisé et le vol d’identité, mais elles remettent aussi en cause la discrétion des juges dans l’attribution des sentences et dans la libération sur parole. Que la police découvre cinq ou six tiges de marijuana entre vos plants de tomate, et c’en est fait de vos ambitions horticulturelles. Le juge le plus clément sera forcé de vous enfermer pour six mois.

Plus récemment,  le gouvernement augmentait de 43% le budget des prisons.

Il décidait aussi de contester la décision de la Cour d’appel de Colombie britannique et de poursuivre  sa lutte pour la fermeture du Centre d’injection supervisés à Vancouver. Les études de santé publique démontrent pourtant que ce genre de sites facilite le traitement des personnes dépendantes, qu’il réduit les morts par overdose, qu’il diminue le partage de seringue et limite le taux d’infection au VIH.  Les sites améliorent aussi l’ordre public dans les secteurs d’implantation. La décision du gouvernement est donc dictée par des considérations plus populistes que pragmatiques. Voir le surprenant billet de Paul Wells à ce sujet.

les données probantes confirment que le taux de criminalité est stable dans l’ensemble du pays,  à l’exception de quelques enclaves bien circonscrites. Et même dans ces cas, la répression est elle vraiment la solution? La criminologie suggère une autre approche.

Les professeurs Martin Daly et Margo Wilson (McMaster), par exemple, montrent que le taux d’homicide dans les États américains et les provinces canadiennes sont corrélés de façon forte et significative avec le degré d’inégalité économique (mesuré par le coefficient de Gini).  Plus que le niveau absolu de richesse, c’est la taille du fossé entre les riches et les pauvres qui serait le meilleur prédicteur de la violence criminelle. Fascinant, non?

Daly et Wilson expliquent cette situation par notre héritage évolutif. Une société plus polarisée encourage la prise de risque. Elle aggrave la rivalité sexuelle entre les jeunes hommes. Dans ce contexte tendu, l’insulte la plus banale suffirait à déclencher des comportements violents. Cette théorie est fragile mais intéressante. Elle suggère des approches innovatrices pour les politiques publiques.

Est-ce que les Conservateurs ne devraient pas combattre la criminalité… en investissant dans des programmes sociaux? On pourrait imaginer, par exemple,  des programmes de sport, de loisir et d’éducation ciblant les adolescents dans les quartiers à risque. De façon encore plus fondamentale, est-ce que la redistribution économique n’est pas préférable à la rétribution judiciaire?

Sources

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