Augmenter l’immigration d’expression française à Toronto

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Enseigner à Glendon, c’est côtoyer la Francophonie internationale. Une bonne partie de mes étudiants sont des nouveaux Canadiens originaires de France, du Congo, de Haïti, de Maurice, du Maroc et du Sénégal. Ils apportent avec eux leur talent, leur énergie, une insatiable curiosité et l’ardent désir de bâtir ce pays.  En soi, c’est déjà extraordinaire.

En même temps, ces étudiants augmentent nos effectifs francophones, ce qui nous permet d’offrir plus de cours universitaires, plus d’évènements de recherche et plus d’activités artistiques et culturelles en français. En bout de ligne, c’est toute la francophonie torontoise qui en profite.

Ce qui est vrai pour les universités vaut aussi pour nos écoles, nos hôpitaux, nos bureaux gouvernementaux et nos centres de services sociaux. Les immigrants d’expression française revitalisent nos communautés francophones en situation minoritaires. Ils permettent d’obtenir la masse critique pour assurer les services essentiels à nos communautés. D’ailleurs, Toronto est la seule région du Canada où une minorité francophone est en plein essor, et c’est grâce à l’apport des nouveaux venus.

Il faut donc augmenter le nombre d’immigrants d’expression française dans les communautés francophones en situation minoritaire, mais comment?  La Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et le Commissaires aux Services en français de l’Ontario appuient déjà cet objectif. Mieux, le gouvernement de l’Ontario s’est engagé à sélectionner 8 000 francophones chaque année.

Pour aller plus loin, nous avons besoin d’engagements fermes venant des grands partis fédéraux. J’ai donc profité de la dernière assemblée générale annuelle du NPD fédéral de Toronto-Centre pour proposer et faire adopter une résolution qui sera soumise au Congrès d’orientation de Montréal. Elle demande que le NPD ajoute à son Fonds de politiques que:

5.7. Les néo-démocrates veulent… Augmenter le nombre d’immigrants d’expression française dans les communautés francophones en situation minoritaire.

Les résultats seront connus le 14 avril. D’ici là, lançons un défi aux autres partis fédéraux. Pouvez-vous faire de même? Vous engagez-vous à répondre aux besoins criants de nos communautés ?

8 réflexions sur “Augmenter l’immigration d’expression française à Toronto

  1. C’est une très bonne idée de pousser la carte politique pour inciter à plus grande immigration francophone à Toronto par exemple. Nos institutions francophones s’en tireraient mieux d’une part et pour les immigrants, s’ils sont dirigés dès leur arrivée à des réseaux francophones (étabissement, écoles, centre de santé francophones, etc.) pourraient mieux s’insérer dans la société ontarienne, puisqu’ils connaissent déjà l’une des deux langues officielles.

    Sur un autre débat parallèle, et ici je ne suis pas certain de ce que j’avance, mais il semble que le parti provincial NPD au pouvoir en Nouvelle-Écosse fait la sourde oreille aux Acadiens qui demandent de ne pas changer la carte électorale, car ainsi il perdrait tout pouvoir d’influence sur leur destinée dans cette province. Sujet passionné sans doute mais le sort en est bien triste pour la francophonie canadienne dans le berceau de l’Acadie.
    Les Acadiens néo-écossais ont besoin de votre appui!
    – Ronald

    • Merci du commentaire très pertinent, Ronald!

      Tu as tout à fait raison au sujet de NPD de la Nouvelle-Écosse. L’abolition des circonscriptions acadiennes m’a beaucoup choqué.

      Bien sûr, les deux paliers du NPD sont distincts, mais la décision du PM Dexter reste inacceptable. Elle démontre que les luttes de la Francophonie minoritaires ne sont pas terminées et qu’il faut continuer à le rappeler aux partis politiques.

      Espérons que la résolution suggérée contribuera un peu à faire avancer le débat.

  2. Il est mon souhait que la résolution soit adoptée le 14 avril prochain. C’est le temps de reconnaître les francophones en situation minoritaire. Je ne sais pas trop si les conservateurs vont le faire, mais j’ai confiance aux néo-démocrates et aux libéraux, car je sais qu’ils tiennent la francophonie au cœur. Au niveau provincial, j’espère que Mme Wynne reconnaîtra les droits des francophones en Ontario.

  3. J’ai souvent l’impression que la francophonie en situation minoritaire n’a plus vraiment le choix. Ou plutôt que le choix a déjà été fait. En tout cas en Ontario. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, sans immigration, les francophones disparaîtront dans le grand bain anglophone. Ce qui m’étonne, c’est la facilité avec laquelle cet état de fait est admis par les franco-ontariens.

    Je resterai toujours pantois d’admiration devant la facilité qu’on les canadiens, et en particuliers les francophones en Ontario, à considérer l’immigration comme une richesse et non comme une menace. Quoi qu’on en pense, c’est une disposition d’esprit extrêmement rare. On peut penser évidement aux angoisses européennes, aux droites et extrêmes droites françaises, italiennes, allemandes et espagnoles et leurs rhétoriques très agressives envers l’immigration et les immigrés.

    On peut aussi pense au Japon, dont la politique d’immigration a longtemps consisté à simplement fermer les frontières. On peut encore penser aux crispations texanes, aux intolérances turques, russes, sud-africaines… Dans ces pays, il est admis que l’on parle du « problème de l’immigration ». Tandis qu’ici, on a la preuve concrète que l’immigration est un bol d’air. Une force pour les communautés, et un atout économique.

    Quoi qu’il en soit, je tenais surtout à dire que s’il est important d’attirer des immigrants francophones, il est surtout important de les retenir dans le monde francophone canadien.
    On parle souvent des immigrants français (désolé, ce sont ceux que je connais) qui choisissent le Canada, mais on oublie souvent de parler de tous ceux qui échouent et rentrent en France désillusionnés après quelques mois à ne pas trouver de travail dans leur branche. La toile bruisse de ces témoignages parfois troublants, parfois agaçants, mais souvent touchants de jeunes français dégoûtés du pays à l’érable, et dont on ne parle ni dans les journaux, ni dans les discours plein d’auto congratulation des politiques et des responsables communautaires.

    Ce qui ressort de ces témoignages, outre une impréparation à la vie Nord-Américaine, de sont les structures, souvent pas adaptées à leur situation : par exemple, le système de santé n’est pas toujours tendre avec les étrangers. Et si on se casse une jambe sans assurance publique, c’est la certitude de s’endetter lourdement.

    Ce qui ressort également, c’est un choc culturel mal maîtrisé, d’ou de multiples incompréhensions. Sur un plan parfois léger, avec ces « partys » dans lesquelles les canadiens apportent uniquement ce qu’ils boivent quand en Europe, il va se soi que l’on partage la boisson. Mais également dans le domaine de l’emplois. Au cours d’un entretien d’embauche, si le candidat ne correspond pas au poste, on lui dira simplement. Au Canada, on promet de rappeler, on assure que votre candidature est parfaite, pour en fin de compte ne pas daigner vous contacter pour vous expliquer que vous n’êtes pas retenus.
    Il en va encore de même pour certaines tracasseries administratives. Tel vendeur d’alcool que refuse de vous servir parce que vous ne présentez pas une « vraie » pièce d’identité de l’Ontario… Les exemples sont nombreux. Et en fin de compte, ce sont des centaines de francophones perdus pour le Canada.

    On parle aussi des immigrants francophones, mais on oublie qu’une grande partie d’entre eux choisissent le monde anglophone, qui parait plus vaste, professionnellement plus attractif, et moins étriqué. Souvent, ils ignorent simplement l’existence de réseaux francophones. Ces immigrants francophones ne se sentent pas particulièrement porteurs d’une mission salvatrice de la francophonie canadienne. Et il est difficile de leur donner tord sur ce point.

    Des efforts sont faits de la part du pays d’accueil, évidement, pour améliorer la rétention de ces immigrants, mais force est de constater que les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous.
    Je n’ai pas de solutions miracles à ce problème, d’autant qu’il me semble que des organismes financés par le gouvernement font de leur mieux pour faciliter la vie des migrants. Mais peut-être qu’en poussant pour des politiques plus compréhensives, et en traitant de ces problèmes en amont (notamment avant le départ), on pourra éviter que trop d’immigrants ne soient perdus pour la francophonie canadienne

    • Je suis déçu, je ne vous le cacherai pas, cher Batman…

      En même temps, je comprends le dilemme du comité. Les apparatchiks ont dû choisir parmi des milliers de projets de résolutions. Sur quels critères? Difficile à dire. J’imagine qu’ils ont éliminé certaines résolutions un peu loufoques (ça arrive dans les meilleures familles!) et qu’ils ont retenu celles qui passionnent un grand nombre de militants, qui touchent directement l’actualité politique et qui contrastent le plus fortement avec les positions des autres partis.

      Le parcours personnel de Thomas Mulcair témoigne d’un engagement pour la francophonie minoritaire. J’ose espérer que la plateforme électorale de 2015 et les candidats locaux tiendront compte des besoins de nos communautés. Je continue de croire que l’avenir de la Francophonie canadienne passe, en bonne partie, par l’accueil d’immigrants d’expression française.

      • DÉVELOPPEMENT DE DERNIÈRE HEURE: il semble que la résolution a été victime d’une erreur cléricale toute bête. Les organisateurs ont accepté d’amender le programme du Congrès et la résolution sera bel et bien débattue. Il reste encore à convaincre les militants lors du débat, mais je suis modérément optimiste. À suivre ce weekend!

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